Lettre ouverte à Alison, 15 ans

by Alichon

Cet article est une archive. Il a été publié pour la première fois le 16 juillet 2015.

« Salut toi !

Permets-moi de me présenter. Je suis Alison, j’ai 22 ans, très heureuse dans la vie et je suis ton futur toi. J’ignore si je te déçois, si je t’étonne ou si je te remonte le moral en te disant ça. Je sais que tu ne pensais pas passer la barre des 20 ans.

J’ai choisi de te parler à toi, à cet âge très précis pour de bonnes raisons. J’aurais pu choisir 10, 16 ou 18 ans mais je sais mieux que quiconque que l’année de tes 15 ans est encore moins gaie que les précédentes. C’est l’année où tu commences à te sentir inexplicablement mal et où les pleurs silencieux sont de plus en plus fréquents. 

Je suis là pour te dire que ça passera. Alors, certes, ça va durer quelques années mais tu vas voir, ça va aller de mieux en mieux. Malheureusement, il faut bien que tu passes par là. Heureusement, avec le temps, tu vas être capable d’en retirer plein de choses qui t’aideront plus tard ! A commencer par une force mentale dont tu n’as probablement pas encore conscience.

Je sais que tu te penses faible, inutile, détestable et complètement inintéressante, malgré le fait que tu sois en couple avec un très chouette gars qui t’aime beaucoup. Parlons-en, d’ailleurs. Ne le prends pas mal mais non, vous deux, ça ne va pas durer toute la vie. Tu dois être en train de te dire que je parles comme les adultes rabat-joie… Pourtant, c’est toi qui va mettre fin à votre relation. Salement. Désolée de te le dire mais tu vas aussi être une sacrée conne. Tu vas faire ça brutalement, comme pour enlever un pansement. Tu vas penser à mille autre manière de t’y prendre mais il n’y en a pas. Vous resterez ensemble pratiquement 4 ans et demi, ce sera forcément douloureux. Ça va même faire un mal de chien.

Tu vas commettre une erreur après ça. Je ne suis pas là pour te dire de ne pas la faire, bien au contraire. Tu es capable de retirer des leçons de tes erreurs, plus que tu ne le crois et celle-ci, tu en as besoin pour savoir ce que tu ne veux pas dans un couple. Tu n’es pas encore capable d’être toute seule parce que tu as encore peur et l’adage « Il vaut mieux être seule que mal accompagnée », tu ne l’appliques pas. Tu ne sais pas quoi faire sans quelqu’un à tes côtés pour t’aimer, même si ce quelqu’un ne le mérite absolument pas. Je te fais passer une conne, n’est-ce pas ? Tu veux qu’on change de sujet ?

Bon, ok. On peut aborder le sujet « maman » si tu le désires. Je sais que tu y penses jour et nuit, que ça te rend malheureuse. Ne t’inquiètes pas de trop. Le psy que tu vas commencer à voir l’an prochain va beaucoup t’aider. Par contre, je suis désolée de te dire que tu vas te prendre une baffe dans la figure. Je sais que tu es tiraillée entre l’idée de lui plaire, de lui obéir sans arrêt pour qu’elle t’aime et l’envie d’être toi. L’envie de pouvoir sortir avec tes amis, de faire tes propres erreurs et de voir enfin le monde. 

Ahh, le monde extérieur ! Tu en as une peur bleue. Tu ne sais rien des soirées entre amis, des sorties en ville, de danser sur les tables, de dormir chez des copines ou des festivals de musique. Au début tu ne peux juste pas sortir. A la fin, tu as juste peur. Je sais que tu vois tes amis se créer des souvenirs ensemble, sans toi, et que cela te fait énormément de peine. Tu les vois apprendre des nouveaux codes, évoluer main dans la main et tu as peur de faire tâche, d’être ridicule. Tu te sens mise à l’écart. Un jour, tu vas finir par te lancer. Par dire « oui » à une sortie. Bon, tu ne vas pas danser sur les tables tout de suite mais ça va venir très vite, tu verras. Tu vas acquérir petit à petit de la confiance en toi. Par contre, ça va venir tard. L’année de tes 20 ans sera une très chouette année, tu verras, elle vaut le coup d’attendre. Après un été à expérimenter tout ce que tu n’as pu avant, tu vas avoir une belle surprise. 

Cette belle surprise va rester à côté de toi pour un bout de temps. Mais pour vivre une jolie histoire avec cette belle surprise, tu dois supporter ce par quoi tu vas passer. Je sais que je te fais passer ça comme « c’est le prix à payer, ma petite ! » mais non. Vois plutôt ça comme ça: les expériences que tu vas vivre, aussi nulles et difficiles soient-elles, vont forger celle qui t’écrit aujourd’hui. Tu sais, c’est grâce à toi si je suis celle que je suis. C’est grâce à toi que je vis avec quelqu’un de formidable – oui, à 22 ans tu vivras déjà avec quelqu’un ! On se pousse mutuellement vers le haut et on se soutient. On évolue ensemble, on tente chaque jour d’être meilleur pour soi et pour l’autre. Tu peux être fière de celle que tu deviens. 

Tu vas voir, tu passes peut-être un sale moment mais la vie s’apprête à être très jolie. Alors, courage !

Alison, 22 ans.

PS: Il faut également que tu saches que tu es bientôt à un tournant capillaire et il faut qu’on en parle. J’ai deux conseils pour toi. Le premier, c’est de ne jamais couper tes cheveux trop courts, à la garçonne. Le deuxième…. ne fais jamais de frange. Ou la capoule, appelles ça comme tu veux mais s’il te plaît, épargnes-moi ça. Petit a, c’est horrible à entretenir, petit b, ça ne te va pas, petit c, on va t’en parler longtemps. Par contre, et je terminerai par là, laisse-les pousser très longs et demande un léger dégradé. Merci. »

You may also like

Leave a Comment