Bonjouuur ! 🙂 Comment ça va chez vous ? 🙂
Un billet humeur cette fois-ci ! 🙂 Avec des fleurs dedans (j’adore les roses fanées et séchées). Ce sujet, je l’ai en tête depuis un moment. Depuis une petite conversation animée autour d’un verre durant laquelle j’ai dû expliquer pourquoi j’étais féministe et ce que ça signifiait vraiment. J’espère sincèrement que cet article pourra vous éclairer sur ce qu’est être féministe pour moi et comment j’en suis venue à l’être (spoiler alert : avant, j’étais sexiste, je jugeais et je faisais autant de slut-shaming que de body-shaming), comment j’en suis venue à être normale et non plus sexiste. Ceci est bien entendu basé sur ma propre expérience, je ne suis pas en mesure de faire des généralités et mon opinion n’est pas universelle.
Féministe, ce gros mot
Quand je dis que je suis féministe, j’ai l’impression que les gens entendent « J’aime pas les hommes », « Je devrais avoir plus de droits qu’un homme », « Je suis une Femen ». Beaucoup ne cherchent pas à voir plus loin et se braquent, se placent en position défensive. Dès le départ, je sais que je vais devoir me justifier, argumenter et utiliser un terme plus doux, qui sonnera mieux à l’oreille : égalitariste. Étrangement, ce mot paraît plus doux. Comme si le féminisme ne comprenait que le droit des femmes. Alors que plusieurs courants de celui-ci incluent purement et simplement l’égalité homme-femme. Mais égalitarisme ça fait « plus mieux ». Moins extrémiste…
Pourtant, croyez-moi bien, je suis pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes et vice-versa. C’est-à-dire…
Pouvoir s’habiller comme on l’entend sans être jugé trop prude ou trop salope
Que pleurer ne soit pas considérer comme un manque de virilité
Marcher dans la rue sans fixer le sol pour éviter de se faire aborder
Que le père ait les mêmes chances d’obtenir la garde que la mère
Qu’on cesse de blâmer les victimes de viol
Et qu’on cesse de tourner le viol des hommes au ridicule comme si ça ne pouvait pas leur arriver
Qu’on cesse de juger et critiquer l’apparence physique d’autrui
Qu’on cesse de penser que toutes les femmes sont pareils et pensent la même chose sur tout
Il en va de même pour les hommes
Qu’on cesse de sexualiser le corps féminin partout (pub, rue, transport en commun…)
Que les petites filles aient le droit de jouer au football et les petits garçons à la poupée
Qu’on cesse de systématiquement genrer les jouets (comme si les Lego faisaient trop « garçon », il a fallu qu’on en invente pour « fille »)
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. Mais ça vous donne un aperçu de « mon » féminisme. Qui n’est pas forcément partagé par tout le monde. On peut très bien se retrouver dans une idée et pas dans l’autre. Je sais que mon avis n’est pas universel.
Par exemple, je ne suis pas une grande adepte du « matage ». J’ai un véritable problème avec l’expression « mater des filles » car je trouve ce verbe très péjoratif (je vous renvoie à la définition). Je ne lui trouve rien de positif. Dans ma vision des choses, ça revient à regarder les filles passer comme quand on regarde les tomates sur l’étal d’un marché pour juger laquelle est la plus belle et laquelle on aimerait ramener chez soi. Si je vous donne cet exemple c’est parce qu’il a été au centre de cette discussion très animée que j’évoquais en début d’article.
En fait, j’ai parfois l’impression que les hommes de ma connaissance (pas tous hein, je vous rassure, et ce n’est pas tout le temps non plus) voient « la femme » avant de voir l’être humain. C’est peut-être pour cette raison que j’ai un peu de mal avec le concept de « mater » puisque je vois des êtres humains avant de voir des hommes et des femmes. Avant de voir des êtres sexualisés. Puisque quand je marche dans la rue, quand je suis assise à un arrêt de bus ou quand je commande une gaufre, ça me dérange de savoir qu’on peut se permette de me juger sur mon physique. Du coup, je ne le fais pas pour les autres non plus. Ce n’est même plus intentionnel, je n’y fais juste pas attention.
Par contre, je n’ai pas à dicter aux gens de « mater » ou non. J’ai simplement un problème avec ce verbe et son utilisation.
Depuis quand suis-je féministe ?
La bonne réponse aurait été de dire que je l’ai toujours été. Mais ce serait vous mentir. La vérité c’est que j’ai déjà jugé une fille parce qu’elle avait une jupe « trop » courte ou « trop » de partenaires sexuels. Je n’ai pas réagis quand ma première gynécologue m’a maltraité. Je pensais que les mecs dans la rue faisaient des compliments. Et je trouvais ça très normal qu’il y ait des jouets « pour les filles » et d’autres « pour les garçons ». J’étais sexiste.
Pourtant, je commençais à être un peu en colère contre tout ça. Je dirais qu’il y a eu trois fait dans ma vie grâce auxquels mon féminisme est ce qu’il est aujourd’hui.
Le premier, c’est que j’ai un petit frère. Parfois on jouait à la Barbie, parfois aux Playmobil (j’adorais créer des forêts). Par contre, en entrant dans l’adolescence, une différence de traitement a commencé à germer entre lui et moi. Il avait le droit d’aller faire du vélo avec ses copains dans le village quand moi je ne pouvais pas aller plus loin que le bout de ma rue avec ma voisine. Je recevais des coups de téléphone à 18h05 quand je n’étais pas rentrée à la maison à 18h. On m’envoyait me rhabiller car ma jupe était jugée trop courte. On m’a dit que je devrais porter une taille de vêtements de plus. On a fouillé ma chambre à la recherche de mon journal intime puis on m’a punie pour son contenu. Je ne pense pas que mon frère ait eu à se soucier de savoir si son tee-shirt était trop moulant pour aller en cours.
Le second, c’est trois rendez-vous gynécologiques qui m’ont traumatisé pendant des années. Avec la même gynécologue. Je n’ai réalisé bien plus tard qu’en vérité, j’avais été maltraitée et jugée. Parce que j’étais une jeune fille, trop jeune pour prendre la pilule selon elle.
Le troisième s’est déroulé dans le bus. J’avais 17 ans, c’était les vacances et on était en pleine canicule. J’étais tout au fond du bus, habillée légère mais pas trop (puisqu’on me renvoyait changer de vêtement si ce n’était pas assez prude…) ce qui signifie : un débardeur sans décolleté et sans fines bretelles, une jupe qui m’arrivait en-dessous des genoux et une paire de ballerines blanches. J’étais tout au fond pour pouvoir profiter du peu de vent qui filtrait à travers la fenêtre quand un vieux bonhomme s’est installé à côté de moi (le bus était quasiment vide, je me sens obligée de le préciser). Il m’a étudiée de haut en bas pendant 20 minutes, le temps du trajet. Arrivé dans le centre, il a chuchoté quelques mots à mon oreille que je n’ai pas compris. Du coup, il a répété un petit peu plus clairement « Tu serais d’accord pour 130€ avec moi ? ». J’ai répondu le plus fort possible que ça n’allait pas bien dans sa tête et que non, je ne le ferais pas, avant de changer de place.
Bref, j’étais une fille, élevée comme une fille, traitée comme une fille telle que la société l’a voulu. Et j’ai découvert que je n’étais pas d’accord avec ça.
Depuis quelques années, c’est un peu près l’un des rares sujets de société qui m’intéresse énormément et me touche jusqu’à la moelle. Alors, je lis surtout des articles de Madmoizelle (on m’a d’ailleurs déjà dit que mon féminisme était le leur) car je trouve leurs articles pertinents et accessibles. Ils sont une bonne porte d’entrée pour comprendre quelques principes de base. Même si je suis plutôt d’accord avec la plupart de leurs articles sur le sujet, ce n’est pas toujours le cas. Parfois, je ne suis pas d’accord. Et d’autres fois je lis des articles ailleurs (Kobini, Slate, The Huffington Post)…
Et toi ? Qu’est-ce qui te hérisse le poils ?


8 commentaires
<3 <3 <3 Tu as tout résumé et c'est joliment dit. Moi mon déclic, c'est de devoir élever un petit garçon… (Et l'élever avec un père d'origine sicilienne, ce qui n'est pas gagné en terme de stéréotypes stupides évidemment)
Merci 🙂
Je te souhaite plein de courage dans l’éducation de ton petit bonhomme ! 🙂
Bien résumé, pas d’accord sur totalement tout, ou plutôt sur l’importance de certaines choses. J’ai quand même été marqué quand au même age de mes frères je n’avais pas le droit aux mêmes libertés…
Après coup, c’est aussi par soucis de protéger leurs enfants que les parents agissent de la sorte, parce que à cause de la société une fille de 15-16ans dehors risque tout de même plus qu’un garçon du même âge, c’est bête c’est injuste et oui ça devrait changer!
Au plaisir de repasser ici 🙂
Je comprends tout à fait ça 🙂 mais chez moi c’était un peu abusé quand même 😀 Je devais rentrer à 16h30 jusqu’à mes 18 ans 😀 Et je ne pouvais pas sortir du tout le reste du temps si je n’étais pas avec mon petit copain de l’époque. Et encore. Je ne pouvais pas aller dormir chez mes copines par exemple :/ Et aller au cinéma avec elles c’était la croix et la bannière 🙂 Ce ne sont que des petits exemples mais si tu les ajoutes à tous les autres, c’était extrêmement étouffant et a créé quelques lacunes chez moi au niveau social 🙂
Je trouve aussi ça injuste. Pour ce qui est des garçons, je pars du principe que si j’en ai un plus tard, ça fera aussi partie de son éducation 🙂
Le fait est qu’une fille risque plus qu’un garçon parce qu’on conditionne nos enfants (tous sexes confondus) ainsi.
J’avais vu une pub (ou une vidéo, je ne sais plus exactement) d’un gamin qui, tout jeune, se moquait des filles avec ses copains. Juste pour rire. Ensuite, il grandissait et une fois adulte, avait une fille. Très bon père, il se soucie d’elle etc… jusque là, tout va bien.
Un de ses copains de l’époque, devenu grand, a un fils de plus ou moins le même âge. Sauf que lui a gardé en tête les idées sexistes qu’ils avaient quand ils étaient enfants, et les a inculquées à son fils.
Son fils, qui finit par violer la fille du premier homme.
Je ne sais pas si c’est très clair, mais je veux en venir au fait que ce sexisme qu’on trouve partout, cette façon de dire à nos filles de porter des jupes plus longues par exemple, encourage certain(e)s à penser que c’est normal de juger sur base de la taille d’une jupe.
Enfin bref je m’égare, mais je rejoins totalement ton avis Alison ! Ton article est très éclairé 🙂
Bisous !
Exactement ! Et je suis convaincue que plus tard je lutterais pour que mes enfants ne soient pas conditionnés ainsi 🙂
Je n’ai jamais vu cette vidéo, elle a l’air horrible ! 😮
Je ne vais pas faire lakiste de TOUT ce qui me hérisse le poil, mais ton arricle est intéressant, savoir comment on en est venue à tant d’engagement, cela fait longtemps que je souhaite en faire un aussi. Sauf qu’il aurait le point de vue de celle qui a été élevée comme un garçon ^^
J’aimerais bien pouvoir lire ça ! 😀